Frais de mutation abusifs : comment les contester

Contester des frais de mutation abusifs en copropriété

La vente d’un appartement en copropriété est déjà un parcours semé d’obligations, mais une facture en particulier fait souvent grincer des dents 😬 : les frais de mutation. Ces sommes demandées par le syndic au vendeur sont censées couvrir des prestations administratives, comme l’établissement de l’état daté ou la délivrance du certificat prévu par l’article 20 II de la loi de 1965.
Problème : de nombreux copropriétaires découvrent, au moment de signer chez le notaire, des montants surprenants, voire abusifs. Alors, comment reconnaître des frais de mutation abusifs et surtout les contester efficacement ?


Ce que recouvrent (et ne recouvrent pas) les frais de mutation

Les frais de mutation du syndic correspondent à des frais administratifs liés au changement de propriétaire d’un lot de copropriété. Ils concernent par exemple :

  • la préparation de l’état daté, qui récapitule la situation financière du vendeur vis-à-vis du syndicat,
  • la gestion de l’avis de mutation,
  • ou encore la délivrance de certains documents nécessaires au notaire.

👉 À ne pas confondre avec les droits de mutation (taxes et frais d’État collectés par le notaire), qui n’ont rien à voir.

En pratique, ces frais sont à la charge du vendeur, mais leur montant doit respecter le cadre légal et contractuel.


L’arsenal juridique limite strictement ce que le syndic peut facturer :

  • Article 20 de la loi du 10 juillet 1965 : il autorise le syndic à former opposition sur le prix de vente si des charges impayées existent, mais dans un délai précis (15 jours) et avec un contenu obligatoire. Toute irrégularité rend l’opposition nulle.
  • Décret du 17 mars 1967 (art. 5-1) : il précise quelles créances peuvent être retenues (charges liquides et exigibles uniquement).
  • Certificat article 20 II : il doit être délivré gratuitement si rien n’est prévu dans le contrat de syndic. L’ARC rappelle que sa facturation est souvent illicite.

📌 Autrement dit, un syndic n’est pas libre de fixer des frais de mutation sans limite : le contrat de syndic et les votes en assemblée générale servent de base légale.


Comment reconnaître des frais de mutation abusifs ?

Certains signaux doivent alerter :

  • 💰 Montant excessif : factures de 700 € ou 800 € pour un simple état daté, alors que le marché se situe plutôt autour de 400 €.
  • 📄 Prestation non prévue au contrat : le syndic ajoute une ligne tarifaire sans qu’elle ait été votée en AG.
  • 🔄 Double facturation : une tâche déjà incluse dans les honoraires forfaitaires du syndic est refacturée séparément.
  • Absence de justificatif : aucun détail fourni, pas de ventilation des prestations.
  • 🕐 Opposition irrégulière : formée hors délai ou sans précision des causes des créances.

Si l’un de ces cas se présente, il est probable que les frais soient abusifs.


Quelles preuves rassembler pour préparer sa contestation ?

Avant d’agir, il faut constituer un dossier solide 📂 :

  • le contrat de syndic et ses annexes tarifaires,
  • le règlement de copropriété,
  • les relevés de charges et factures,
  • les courriers échangés avec le syndic,
  • l’avis de mutation du notaire,
  • les barèmes comparatifs pratiqués dans la région.

Ces éléments serviront lors de la mise en demeure, devant le conciliateur ou le tribunal.


Étapes pour contester les frais de mutation abusifs

1. Demander des justificatifs

Adressez au syndic un courrier recommandé exigeant le détail du calcul, les textes ou votes qui fondent la facturation, et les justificatifs.

2. Vérifier le contrat et l’AG

Comparez avec le contrat de syndic voté et les décisions d’assemblée générale. Si la ligne tarifaire n’y figure pas → forte présomption d’abus.

3. Alerter le conseil syndical

Le conseil peut exiger des explications et préparer une mise en cause lors d’une prochaine AG.

4. Mise en demeure

En cas de silence ou de refus, envoyez une mise en demeure (toujours en recommandé), en fixant un délai de 15 jours pour régulariser.

5. Conciliation ou médiation

Avant de saisir le tribunal, le passage devant un conciliateur de justice est gratuit et souvent efficace.

6. Tribunal judiciaire

Si le litige persiste, seule la saisine du tribunal judiciaire du lieu de l’immeuble permet d’obtenir la répétition de l’indu ou l’annulation d’une opposition.


Blocage de vente : que faire en cas d’opposition du syndic ?

Le syndic peut s’opposer au paiement du prix de vente s’il estime que des charges restent dues. Mais attention ⚠️ :

  • l’opposition doit être notifiée dans les 15 jours suivant l’avis de mutation,
  • elle doit préciser chaque créance (année, montant, cause),
  • seules les sommes exigibles peuvent être retenues.

Si ces conditions ne sont pas respectées, la nullité de l’opposition peut être obtenue devant le juge. Le notaire doit être informé immédiatement.


Modèle de lettre de contestation

👉 À envoyer en recommandé avec AR :

Objet : Contestation des frais de mutation abusifs

Madame, Monsieur,

Vous m’avez facturé le [date] un montant de [xxx €] au titre de frais de mutation. 
Je vous demande, conformément au principe de transparence et à la loi du 10 juillet 1965, 
de justifier cette facturation en m’indiquant :

- la base contractuelle ou la délibération d’assemblée générale qui la fonde ;
- le détail des prestations effectuées.

À défaut de réponse sous 15 jours, je me verrai contraint d’engager toutes voies de droit pour obtenir le remboursement des sommes indûment perçues.

Veuillez agréer…

Où trouver de l’aide ?

  • Notaire : premier interlocuteur pour détecter une opposition irrégulière.
  • Conciliateur de justice : gratuit et rapide.
  • Associations de copropriétaires (ARC, ADIL) : guides pratiques et modèles de courriers.
  • Avocat spécialisé en copropriété : indispensable en cas de contentieux lourd.

FAQ

1. Qui doit payer les frais de mutation du syndic ?
En principe, le vendeur. Toutefois, leur montant doit être conforme au contrat de syndic et aux décisions d’AG.

2. Un syndic peut-il bloquer une vente ?
Oui, mais uniquement via l’opposition prévue par l’article 20. Si l’opposition est irrégulière, elle peut être annulée.

3. Comment savoir si les frais sont abusifs ?
Montant disproportionné, absence de justificatif, prestation non votée, double facturation : autant de signes d’abus.

4. Quel recours en cas de frais abusifs ?
Demande de justificatifs, mise en demeure, conciliation, puis tribunal judiciaire si nécessaire.

5. Existe-t-il un barème officiel ?
Non. Mais des fourchettes de prix courants (environ 300-450 € pour un état daté) permettent de détecter les excès.


Les frais de mutation abusifs constituent un vrai frein pour les vendeurs d’appartements en copropriété. Trop de syndics profitent du flou pour surfacturer des prestations ou bloquer une vente. La clé 🔑 : exiger systématiquement des justificatifs et ne pas céder sans preuve contractuelle.
En cas de blocage, l’arsenal juridique est clair : mise en demeure, conciliation, tribunal judiciaire. Bien armé, un copropriétaire peut faire annuler une facturation indue et protéger la bonne conduite de sa vente.

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