Violation de la confidentialité des informations des copropriétaires : une faute grave du syndic

Violation de confidentialité par le syndic : recours

Dans le monde souvent complexe de la copropriété, la confidentialité des informations des copropriétaires est un droit fondamental encore trop souvent négligé. Si le syndic de copropriété est le gestionnaire légal des parties communes et le représentant de la collectivité, il n’en demeure pas moins astreint à des obligations strictes en matière de protection des données personnelles. Lorsque ces obligations sont bafouées, les conséquences peuvent être graves, tant sur le plan juridique que sur la relation de confiance entre les copropriétaires et leur syndic.


Confidentialité des informations des copropriétaires : de quoi parle-t-on ?

La confidentialité des informations des copropriétaires concerne l’ensemble des données permettant d’identifier ou de localiser un copropriétaire. Il peut s’agir de son nom, adresse postale ou email, numéro de téléphone, tantièmes, situation d’impayé, ou toute autre donnée liée à la vie de la copropriété. Le syndic est le garant de cette confidentialité. Une fuite, une mauvaise communication ou une diffusion non autorisée de ces informations à un tiers ou à d’autres copropriétaires constitue une violation caractérisée.

🔐 Par exemple, il est interdit à un syndic d’envoyer une convocation d’assemblée générale en mentionnant les coordonnées personnelles de tous les copropriétaires en copie visible (CC) d’un email groupé. Ce type de maladresse, encore courant, constitue pourtant une infraction au regard de la loi.


Exemple concret de violation : une erreur aux lourdes conséquences

Prenons le cas d’une copropriété de 35 lots à Marseille. Le syndic, souhaitant améliorer la transparence, décide d’envoyer un état des impayés à tous les copropriétaires par email. Malheureusement, le fichier transmis contient les noms et adresses de tous les débiteurs. Résultat : les données personnelles d’une dizaine de copropriétaires en difficulté financière sont rendues publiques sans leur consentement, déclenchant des tensions, des réclamations, et un signalement auprès de la CNIL.

😡 Une copropriétaire mise en cause, estimant que sa vie privée a été violée, engage des démarches judiciaires contre le syndic. La conséquence ? Une amende administrative pour le syndic et la résiliation anticipée de son contrat lors de la prochaine assemblée générale.


Le syndic, en tant que responsable de traitement des données, est soumis au Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), entré en vigueur le 25 mai 2018. Il doit garantir que toute donnée personnelle collectée est utilisée uniquement à des fins précises, licites et proportionnées.

📚 L’article 18 de la loi du 10 juillet 1965 impose au syndic de tenir une liste des copropriétaires, mais ne lui donne pas le droit de divulguer ces informations sans justification.

Le RGPD (notamment les articles 5 et 32) impose :

  • Une limitation de la finalité des données collectées.
  • Une sécurisation stricte de l’accès aux informations.
  • Une information claire des personnes concernées.

Le non-respect de ces règles peut entraîner :

  • Des sanctions financières par la CNIL (jusqu’à 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires annuel mondial).
  • Une résiliation pour faute du contrat de syndic par l’assemblée générale.
  • D’éventuelles actions civiles en réparation du préjudice subi par les copropriétaires lésés.

Quelles conséquences juridiques pour le syndic fautif ?

Lorsque le syndic viole la confidentialité des informations des copropriétaires, il s’expose à :

  • Une responsabilité civile contractuelle, en vertu de son mandat.
  • Une responsabilité administrative, en cas de sanction par la CNIL.
  • Une responsabilité pénale si les faits sont graves et relèvent d’une infraction telle que l’atteinte à la vie privée (article 226-22 du Code pénal).

⚖️ La jurisprudence reconnaît régulièrement la faute grave lorsque le syndic agit de manière négligente ou transmet des informations personnelles à un tiers sans fondement légal.


Quels recours pour les copropriétaires lésés ?

Face à une atteinte à la confidentialité de leurs données, les copropriétaires disposent de plusieurs recours. Ils peuvent :

  1. Saisir la CNIL via un formulaire de plainte disponible en ligne.
  2. Informer le conseil syndical et demander l’inscription d’un point à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale.
  3. Faire convoquer une assemblée extraordinaire pour évoquer la révocation du syndic (article 25 de la loi de 1965).
  4. Engager une action en responsabilité civile devant le tribunal judiciaire, notamment en cas de préjudice prouvé.

🧩 Il est également possible de demander l’effacement des données diffusées ou une rectification, dans le cadre du droit à l’oubli prévu par le RGPD.


La procédure à suivre étape par étape

  1. Identifier clairement la violation (ex : email avec adresses en copie visible, affichage d’un état financier nominatif, etc.).
  2. Constituer des preuves : captures d’écran, copies de courriers, témoignages.
  3. Contacter le syndic pour une explication ou une résolution amiable.
  4. Envoyer une lettre de mise en demeure (voir exemple ci-dessous).
  5. Saisir la CNIL si aucune réponse satisfaisante n’est obtenue.
  6. Demander un vote en AG pour révoquer le syndic, si la faute est avérée et grave.

📌 Si le syndic refuse de corriger sa faute, la responsabilité des copropriétaires est d’en tirer les conséquences lors de la prochaine assemblée générale.


Exemple de lettre de mise en demeure à adresser au syndic

[Nom et adresse du copropriétaire]
À l’attention de [Nom du syndic]
[Adresse du syndic]
[Date]

Objet : Mise en demeure pour violation de la confidentialité des données personnelles

Madame, Monsieur,

En tant que copropriétaire du lot n° [préciser], je vous informe avoir constaté une violation manifeste de la confidentialité de mes données personnelles, survenue le [date], lors de [expliquer les faits : envoi d’un email, affichage, etc.].

Conformément aux articles 5 et 32 du RGPD et à vos obligations issues de la loi du 10 juillet 1965, je vous mets en demeure de cesser immédiatement toute utilisation ou diffusion non conforme de mes données, et de me fournir dans un délai de 15 jours des explications écrites sur les mesures correctives mises en œuvre.

À défaut de réponse satisfaisante de votre part, je me réserve le droit de saisir la CNIL ainsi que les juridictions compétentes pour obtenir réparation du préjudice subi.

Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.

[Signature]


Conclusion : vigilance et responsabilité

La confidentialité des informations des copropriétaires n’est pas une option, mais une obligation légale stricte. Le syndic doit agir avec la plus grande prudence et rigueur dans la gestion des données personnelles. Les copropriétaires, eux, ont le devoir de rester vigilants et d’exercer leurs droits en cas d’abus ou de négligence. Car la transparence ne doit jamais se faire au détriment du respect de la vie privée. 🛡️

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